Retour sur les Journées scientifiques SOLU-BIOD 2025
Les 24 et 25 septembre 2025, SOLU-BIOD a organisé la deuxième édition de ses Journées Scientifiques « De la recherche à l’action : cap sur les Solutions fondées sur la Nature » à Grenoble Alpes Métropole. L’événement a rassemblé chercheurs et acteurs du territoire autour des enjeux liés à la conception, la gestion et l’évaluation des SfN, un levier majeur pour accompagner l’adaptation des territoires face au changement climatique, préserver la biodiversité et générer des bénéfices sociaux et économiques durables.
Journée du 24 septembre

La première journée des Journées Scientifiques de SOLU-BIOD a débuté par une session d’ouverture intitulée « Cap sur SOLU-BIOD : visions, avancées et perspectives », qui a permis de dresser le bilan des premières avancées du programme et d’esquisser les perspectives à moyen terme. Après le mot d’accueil de Grenoble Alpes Métropole, Martine Hossaert et Philip Roche ont présenté les actualités du programme, suivis d’un point d’avancement sur les projets ciblés.
L’après-midi a été consacré à un cycle de tables rondes autour des living labs du réseau SOLU-BIOD, introduit par Dominique Joly. La première table ronde, animée par Joana Guerrin, a mis à l’honneur le rôle des living labs comme espaces d’expérimentation des Solutions fondées sur la Nature, grâce aux retours de Sandra Lavorel (VIVALP), Julien Mary (LLUNAM), Coralie Pauchet (Ponant) et Aurélie Vincent (Bacchus).


La seconde, animée par Isabelle Arpin, a exploré la manière dont les contextes socio-culturels façonnent la mise en œuvre des SfN, avec les contributions de Tamatoa Bambridge (AMWI), Annie Ouin (Gascogne), Vanina Pasqualini (MedCoast) et Christophe Proisy (MAGELLAN).

La journée s’est poursuivie avec la session « Génération SfN », dédiée aux doctorants et post-doctorants du programme, animée par Cécile Barnaud. Les jeunes chercheurs des living labs VIVALP (Taïna Lemoine et Nicolas Elleaume), MedCoast (Alix Varenne et Thomas Leydier) et Antharès (Albane Bignon, Julie Jeammaud, Hugo Dumonteil et Irène de La Forge) ont présenté leurs travaux en écologie, sciences politiques, hydrogéologie, géographie et anthropologie, illustrant la richesse et la diversité des dynamiques scientifiques qui animent SOLU-BIOD.
Journée du 25 septembre

La deuxième journée des Journées Scientifiques de SOLU-BIOD s’est ouverte par une introduction de Grenoble Alpes Métropole, qui a souligné l’importance de l’engagement territorial et de la mobilisation des collectivités pour faire progresser les Solutions fondées sur la Nature, avec un mot d’ouverture de Christophe Ferrari, président de la Métropole, et des interventions de Caroline Merlet et Martin Bé.


La matinée s’est poursuivie par une table ronde consacrée à l’opérationnalisation des SfN, animée par Philip Roche, réunissant Hervé Caltran (Métropole de Lyon), Marion Poncet (UICN) et Natalia Rodriguez Ramírez (Life ARTISAN), qui ont partagé leurs retours d’expérience concrets, de la conception à la gestion, en discutant des leviers, obstacles et bonnes pratiques.

Une session dédiée à la mise en perspective européenne a ensuite permis d’aborder le rôle croissant des SfN dans les politiques de recherche et d’innovation de l’Union européenne, grâce aux interventions de Susanna Gionfra (Commission européenne) et de Sonia Siauve (projet NATALIE).

L’après-midi a été consacré à trois ateliers parallèles visant à mobiliser la société autour des SfN :
Justice et SfN, en quels termes se posent les enjeux de justice au sein des living labs et de la communauté SOLU-BIOD ?
Le premier, animé par Joana Guerrin, Cécile Barnaud et Bruno Locatelli, a exploré les enjeux de justice environnementale dans les différents contextes des living labs.
Après un court cadrage sur le concept de justice environnementale et le lien avec la définition, la mise en œuvre et l’évaluation de Solutions fondées sur la Nature, l’atelier a proposé d’explorer les enjeux de justice dans les SfN de différents milieux (agriculture/aires protégées, littoral, urbain). L’atelier a adopté un format interactif et mouvant, avec des groupes de réflexion par milieu et une discussion finale selon les principes du Cercle de Samoa, au sein duquel celles et ceux qui souhaitent partager leur réflexion peuvent entrer. Les groupes ont d’abord identifié les problématiques rencontrées dans chaque milieu et ont proposé des façons de mieux prendre en compte la justice dans les SfN.
Les réflexions qui ressortent des groupes et de la discussion sont finalement assez cohérents entre milieux : Comment inclure les silencieux et ceux- celles sans voix? Comment prendre en compte les coûts et le temps nécessaire à une participation inclusive effective dans les projets? Comment reconnaitre puis dépasser les inégalités dans la décision liée aux SfN? Comment ne pas disqualifier certaines pratiques présentes dans ou autour des SfN? Comment intégrer les non-humains dans ces réflexions sur la justice? Comment prendre en compte les problématiques d’inégalités d’accès à la nature et au foncier dans les stratégies de protection des milieux? Des propositions ont été faites par les participants autour d’une plus grande écoute, de rendre visible les injustices afin de pouvoir y remédier, d’augmenter la co-construction dans la définition des démarches de SfN avec divers représentants d’intérêts, prendre en compte les critères sociaux dans la spatialisation et la planification des SfN, légitimer différents types de savoirs autour des SfN, ou encore de valoriser les SfN “imparfaites” (comme les terrains de foot?) qui apportent des co-bénéfices sociaux importants, et augmenter le recours au suivi-évaluation adaptatif, en considérant les enjeux de justice et d’inégalités dans ces méthodes de suivi. Le Knowledge Hub Biju sur la justice permettra d’aller plus loin et d’opérationnaliser ces réflexions !

L’intérêt de hubs régionaux pour la mise en œuvre de SfN
Le deuxième, avec Freddy Rey et Pascal Carrère, a interrogé l’intérêt de hubs régionaux pour faciliter le dialogue entre science et décision publique.
Nous avons abordé la problématique sous 3 angles :
- l’importance de la sémantique
- l’identification de communautés d’acteurs
- l’aide à la mise en œuvre de SFN par la constitution de Hubs régionaux
Concernant l’importance de la sémantique, les participants ont établi que les SDFN correspondaient à une démarche à adapter en fonction des interlocuteurs. Le terme de SFN, qui souffre d’un manque de visibilité, ne doit en effet pas constituer un frein à l’attractivité de futurs hubs régionaux. Étant donné qu’il y aura toujours une diversité d’interlocuteurs, il est nécessaire d’utiliser une diversité de langage, au-delà du seul terme de SFN. Toutefois, selon la définition même des SFN, il conviendra d’insister sur la prise en compte du défi de préservation de la biodiversité, et de l’intérêt de mettre en œuvre des solutions multibénéfices.
Au sujet de l’identification de communautés d’acteurs, il s’agit de se demander « pour qui » et « par qui » ces hubs vont être soit sollicités, soit aidés. C’est là que nous aurons cette « diversité des demandeurs » dont nous avons parlé plus avant. Quant à la question « par qui » l’aide viendra au niveau des hubs, on peut se référer au travail de l’A-IGEco qui a réalisé un travail similaire pour le concept (proche) d’ingénierie écologique. Mais pour les Hubs REACH, il faudra assurément afficher leur spécificité « recherche », sans occulter leur finalité qui reste l’action. La question reste posée quant à la nécessité ou non de disposer d’annuaires, qui permettraient, par des systèmes de « requêtes », de trouver les bons praticiens et les bons chercheurs pour aider à la réalisation des projets de SFN. Cela existe du côté des praticiens (par exemple l’annuaire des entreprises du génie écologique), mais pas du coup des chercheurs.
Au final, les enseignements des discussions pour l’aide à la mise en œuvre de SFN par la constitution des futurs Hubs sont qu’il faudra définir des grands principes concernant leur structure, leur fonctionnement et leur fonction :
- affirmer la place de la recherche
- capitaliser sur les animations régionales du programme ARTISAN de l’OFB
- choisir si les Hubs sont des structures complètement nouvelles, ou s’il faut les adosser aux Living labs existants (entrée plus « recherche »), ou bien s’il faut les adosser aux ARB existantes (entrée plus « action »), par exemples…
- les articuler avec les réseaux existants, comme l’A-IGEco.

Comment appréhender les perceptions des SfN par les acteurs institutionnels, socio-économiques et les citoyens pour mieux faire le lien sciences-société ?
Le troisième, animé par Elia Antonsanti, Guillaume Marchand, Coralie Pauchet et Zoé Pujol, a porté sur les perceptions des SfN par les acteurs institutionnels, socio-économiques et les citoyens, afin d’améliorer le lien science-société et d’adapter les stratégies de communication.
Pour valoriser les projets scientifiques :
- Montrer concrètement ce qu’est une Solution fondée sur la nature avec des visites sur site. Belle opportunité pour décortiquer le concept, la mise en place, les services éco-systémiques, etc. Montrer comment ça peut se manifester, trouver des success stories, questionner ce qui marche ?
- Se greffer à des évènements et des entités qui existent déjà. Objectif de valoriser les méthodes et les résultats lors d’évènements organisés et ancrés sur le territoire. Même ce genre de démarche n’est pas forcément valorisé dans le milieu de la recherche.
- Co construire et co-produire, dépasser l’opposition entre savoir académique et vernaculaire. Co-construire à l’échelle de la recherche ET de sa diffusion
- Intégrer les démarches qui mobilisent les pratiques artistiques, BD, théâtre, représentations, cinéma, etc… Objectif : apporter des solutions qui mobilisent le sensible
Les discours à adopter :
- Sortir d’une posture de sachant/savant pour adopter un discours plus en accord avec les attentes et les réalités du public en face
- Convaincre par l’exemple, être sur du concret en lien avec les questions tangibles et logiques sur le territoire, être pragmatique
- Aller chercher « ce qui rassemble » plutôt que « ce qui divise » ? Trouver le plus petit dénominateur commun.
- Cibler les enjeux majeurs du territoire pour les intégrer dans les projets et discours
Les stratégies à mettre en place :
- Être dans le concret avec des visites de site, ne pas se contenter ne montrer que ce qui fonctionne. Intéressant de montrer aussi ce qui ne marche pas et décortiquer pourquoi.
- Faire communiquer des pairs entre eux. Autour d’exemples concrets, passer par ceux qui sont déjà convaincus pour aller convaincre leurs pairs.
- Organiser des journées de transmission, expos, valorisation avec des idées de recouper avec des structures existantes. S’appuyer sur des structures de médiation.
- Accepter de ne pas parler de « SfN » (le terme), ça peut bloquer ou peut donne l’idée de quelque chose de très techno. Prendre en compte le contexte local.
- Ne pas sacraliser le concept SfN, promouvoir avant tout la démarche pour y parvenir. Être dans dans la progressivité, rassurer, rappeler que s’engager dans la démarche c’est déjà positif.

Ensemble, ces sessions ont offert un panorama riche et opérationnel des dynamiques nécessaires au déploiement des Solutions fondées sur la Nature dans les territoires.
Pour accéder aux replays vidéo et à la galerie photo de l’événement, rendez-vous sur la page « Journées scientifiques » du site web ci-dessous :